|
|
||
|
76 HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
Quel dommage qu'on ne possède pas un inventaire des trésors de toute nature que Philippe le Bon laissait en mourant! Comme il eût été curieux de comparer cette liste à celle de 1420! Charles le Téméraire, peu après son avènement, en 1469, fit faire un récolement de tous les meubles qui garnissaient ses palais d'Arras et de Lille. Malheureusement ce document si précieux ne nous est pas parvenu.
Le fils de Philippe le Bon ne montra pas moins de goût que son père pour tous les raffinements du luxe. Il fit preuve aussi d'une grande sollicitude pour l'entretien de ces tapisseries qui l'accompagnaient en toute circonstance, dans ses voyages comme dans ses expéditions guerrières. Il renchérit même sur le "faste de ses prédécesseurs, et cette ostentation bien connue, avant de causer la perte des trésors de la maison de Bourgogne dans les journées de Granson, de Morat et de Nancy, eut parfois des conséquences funestes pour les projets ambitieux de son chef.
S'il était permis au Téméraire de faire montre des joyaux les plus rares de son incomparable collection lors cles fêtes célébrées â l'occasion de son mariage avec Marguerite d'York (1468), d'étaler en cette circonstance ses plus belles tapisseries, au nombre desquelles il faut citer celles qui représentaient Adam et Eve au paradis terrestre, et Comment Cléopatre épousa Alexandre, l'ambitieux duc de Bourgogne fit preuve de bien mauvaise politique, quand il écrasa par son luxe insolent les Allemands venus à cette entrevue de Trèves (1473), où il espérait obtenir de l'Empereur le titre de roi. Les magnificences étalées par leur opulent voisin offusquèrent les seigneurs teutons et surtout l'Empereur, qui rompit brusquement l'entrevue et s'éloigna mécontent et humilié. La leçon ne devait guère profiter à François Ier lors de l'entrevue du camp du Drap d'or.
Parmi les tapisseries dont les ducs de Bourgogne se montraient particulièrement fiers, il en est une qui trouve toujours place dans les cérémonies les plus solennelles. L'Histoire d'Alexandre avait décoré l'hôtel d'Artois lors de l'entrée de Louis XI a Paris, en 1461, et soutenait sans désavantage le voisinage de la tenture de Gédéon. Elle reparait à Trèves en 1473, et on voit, par les soins dont ort l'entoure, que les ducs de Bourgogne en font un cas tout particulier. Elle était tissée des matières les plus précieuses ; l'or, l'argent et la soie avaient été employés dans une large mesure.
|
||
|
|
||